D’un ADN dissipé au pari Joao Felix : comment Simeone doit renouveler l’Atlético de Madrid

#1 – Argentine (68 coaches)
Le départ de nombreux cadres, comme Antoine Griezmann, met l’Atlético Madrid face à son plus grand défi de la dernière décennie. Diego Simeone a un ADN à faire vivre. Joao Felix doit être son nouveau relais. Les constats sont évidents. Les difficultés sont gigantesques.

Diego Simeone est un homme à l’image du joueur qu’il a été. A l’image aussi de l’équipe qu’il dirige depuis un peu plus de 7 ans. Lorsqu’il souffre, il le fait en silence. Alors lorsqu’il prend un peu de temps pour évoquer à Fox Sports le défi qui l’attend cette saison à l’Atlético, qu’il juge comme « l’un des plus complexes » depuis son arrivée au club, il faut le croire. Les Colchoneros ont perdu Juanfran, Diego Godin, Lucas Hernandez. Ils ont dit adieu à Rodri et s’apprêtent à en faire de même avec Antoine Griezmann. Une page se tourne. Une montagne se dresse. « C’est une transition difficile, même s’il y a beaucoup d’ambition, a concédé le technicien argentin. Le défi est permanent mais aujourd’hui il est plus important parce que des garçons qui ont apporté beaucoup au club s’en vont. » En deux saisons, le club madrilène s’est séparé de nombreux cadres. Avec eux s’est aussi dissipé une part de l’ADN qui a permis aux Rojiblancos de s’installer dans les hautes sphères de la Liga et de l’Europe. La crainte concerne cette perte-là, bien plus que la simple question du remplacement des icônes parties.

L’Atlético dans le creux de la vague

« Le renouvellement, qui se poursuit, est celui qui a commencé la saison dernière avec les départs de Fernando Torres ou Gabi… Mes gars, ceux qui m’ont donné la vie », a tenté d’expliquer Simeone, comme pour rappeler qu’ils avaient été capables de transposer son identité sur le terrain. Les « cojones », pour ceux qui ont encore en mémoire la célébration du technicien lors du succès de son Atlético face à la Juventus Turin en Ligue des Champions. La « Garra Charrua », pour ceux qui ont compris que l’ancien milieu de terrain s’est aussi nourri de l’héritage de Diego Forlan pour bâtir son épopée. Les plus anciens garants de cette philosophie partis, l’Atlético va-t-il devoir changer ? « Ces derniers temps, nous nous sommes préparés avec Oblak, Saul, Giménez ou Koke pour qu’ils incarnent le changement de leadership », a rappelé Simeone. Une façon de répandre l’idée que sa vision à lui ne vit pas par les joueurs, mais par l’état d’esprit qu’ils adoptent sous ses ordres. Mais il le sait comme tout le monde : le foot n’est pas qu’une histoire de caractère et ses échecs en finale de C1 le lui ont suffisamment rappelé.

Simeone ne changera pas

Face à cette problématique, El Cholo n’a donc que deux solutions possibles. La première nécessiterait une remise en question personnelle, qui devrait déboucher sur un renversement de ses méthodes, de ses tactiques et de ses idées. Elle est probablement à écarter : les entraîneurs de sa trempe n’y songent pas. Vous ne demanderez pas à Guardiola d’abandonner son jeu de possession, ni à Klopp de faire une croix définitive sur le gegenpressing. La deuxième option est autrement plus complexe, mais elle sera choisie : elle consistera à rebâtir de la même manière, avec un nouvel effectif. Le coach argentin a encore des doutes et les contradictions qu’il a laissées filer dans son interview l’ont démontré. Lorsqu’il a évoqué le Mercato, il a d’abord avoué qu’une adaptation sera nécessaire et que les premiers entraînements permettront « de voir où il ira ». Mais il a aussi rappelé que « l’Atlético a toujours été une équipe qui a recruté des jeunes pour qu’ils s’y développent ». Il part ici d’un constat évident : un joueur encore en développement est plus malléable qu’un vieux briscard, donc plus à même d’adhérer à la philosophie d’un entraîneur.

Felix, héritier de Griezmann ?

« Comme Griezmann : quand il est arrivé, il n’était pas le même qu’aujourd’hui », a précisé l’ancien joueur de la Lazio. C’est bien la raison pour laquelle l’Atlético a cherché « un garçon qui a du talent et qui peut absorber nos idées » pour remplacer l’international français. Et l’a trouvé, avec le transfert de Joao Felix. Pour l’arracher au Benfica, le club a réglé les 120 millions de sa clause libératoire, et y a même ajouté 6 millions pour étaler le paiement. Cela correspond au montant que le Barça déboursera pour s’offrir Griezmann. Comme un symbole, au même titre que le fait que Joao Felix hérite de son numéro 7. Le jeune Portugais n’a que 19 ans et Simeone aura donc tout le loisir de le façonner à sa sauce. Sur le profil, le club ne s’est pas trompé. Milieu reconverti attaquant – à l’inverse de Griezmann – le prodige lusitanien a les qualités techniques pour évoluer comme l’a fait le leader des Bleus avant de candidater au titre de meilleur joueur du monde, derrière Lionel Messi et Cristiano Ronaldo.  Encore faut-il qu’il accepte les mêmes sacrifices. Qu’il y mette le même dévouement. Sa transformation tient à cela. Le renouvellement de l’Atlético aussi.

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