OM : Premiers nuages dans un ciel bleu

Entraîneur – André Villas-Boas (Marseille)
La conférence de presse d'André Villas-Boas ce mercredi a confirmé la situation paradoxale de l'OM, au cœur d'une saison remarquable sur le plan sportif.

Dans le monde d’aujourd’hui, chaque jour rappelle un peu plus que les clubs de football mènent une double vie. L’Olympique de Marseille en est peut-être l’exemple le plus criant. Il y a le sportif, d’abord. L’essence même de ce sport. Sa substance. Ce qui lui donne un sens. Pour tout le monde d’ailleurs – joueurs, entraîneurs, dirigeants, médias et bien-sûr supporters. Et puis il y a le reste : les finances. Un enjeu qui dépasse le rectangle vert et se reflète sur bien des terrains : transferts, marketing, sponsoring. L’envers du décor. Un second enjeu devenu parasite pour le premier.

Quand Villas-Boas demande des explications

Prenons donc le cas de l’Olympique de Marseille. Ce mercredi, André Villas-Boas s’est présenté en conférence de presse pour faire passer un message. Rien de bien original jusque-là, le Portugais est coutumier du fait. Mais jusqu’alors, jamais une prise de parole n’avait visé aussi explicitement à sa direction. Pas une once de friture sur la ligne. Rien. Juste une communication parfaite, claire et corporate. Alors quand l’entraîneur de l’OM a exprimé sa surprise au sujet de l’arrivée au club d’un spécialiste des ventes, personne n’a caché son étonnement. Le renfort en question se nomme Paul Aldridge. Son recrutement a été annoncé mardi par le quotidien L’Équipe. André Villas-Boas a demandé des explications.

« C’est une décision prise par Jacques-Henri Eyraud, qu’Andoni m’a expliquée la semaine dernière, a expliqué l’entraîneur de l’OM en répondant à une question sur le sujet. C’est au président de justifier ce choix. Je ne pense pas en tout cas que ça facilite les ventes vers les clubs anglais, mais bon… Au président de s’expliquer. J’ai appris cette décision avec surprise (…) Si c’est pour aider l’OM à survivre sur l’aspect économique, je peux comprendre, mais pour moi le plus important est de garder tout mon groupe et d’atteindre les objectifs que j’ai dit vouloir obtenir, à savoir la qualification pour la Ligue des champions ».

Un nuage au moment où l’horizon se dégage

Le timing interpelle. Tous les feux étaient au vert dans cette saison perçue par tout le monde comme un exercice de transition. L’OM tourne à plus de deux points par match – 41 en 20 rencontres plus précisément, un ratio digne de celui du cru de Bielsa lors de la saison 2014-15 -, et affiche tous les ingrédients pour aller au bout. Ce qui veut dire retrouver la Ligue des champions. Se pose alors cette question : quel enjeu peut bien être plus lucratif, à moyen terme, que celui-ci ? D’autant que cet objectif marie les finances au sportif. Il mobilise tout un staff, toute une ville. Alors bien-sûr, l’OM doit aborder la question du mercato avec une marge très étroite, ce qui donne du crédit à la démarche de Jacques-Henri Eyraud. Mais cet effectif marche sur des œufs. Et il serait quand même dommage de voir poindre un nuage au moment où l’horizon se dégage.

Villas-Boas et ses joueurs liés comme les doigts de la main

« Encore une fois mon intérêt comme entraîneur est de conserver mes joueurs, a continué André Villas-Boas. Jacques-Henri ne m’a pas parlé de ce choix en personne. C’est à lui et Frank McCourt de gérer le côté économique, de voir s’il faut vendre des joueurs ou l’entraîneur… Je savais que la situation économique du club était prioritaire à l’aspect sportif. Mais normalement le plus important ce sont les performances sportives, qui sont au top actuellement. Je pense que l’intérêt du club est donc de maintenir ces performances au top, et ensuite de voir à la fin de saison en fonction des offres ». Hasard ou pas, c’est le jeune Boubacar Kamara, l’une des plus grosses valeurs marchandes du club, qui accompagnait AVB devant les micros. Et il en a dit beaucoup : « Je vois mon avenir à l’OM et je ne regarde pas à l’étranger, ni ailleurs ». Entre le sportif et le financier, André Villas-Boas et ses hommes sont bien liés comme les doigts de la main. Cette harmonie fait leur force. Elle pourrait les mener loin. Mais la suite, elle, ne leur appartient pas…

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