Antoine Griezmann (Atlético Madrid) et le retour de flamme d’une communication ratée

Antoine Griezmann (Atlético Madrid)
Même un an après, Antoine Griezmann paie encore les pots cassés par la façon dont il avait révélé, l’année dernière, qu’il restait à l’Atlético de Madrid après avoir repoussé les avances du FC Barcelone.

Un communiqué laconique publié par le club. Puis une vidéo d’à peine plus de deux minutes pour justifier un départ inéluctable, mine des mauvais jours et ton grave. C’est ainsi qu’Antoine Griezmann a fait ses adieux à l’Atlético Madrid et aux supporters, lundi soir, un peu plus d’une semaine après une conférence de presse en grande pompe organisée par l’entité pour saluer Diego Godin. Il est encore difficile de savoir s’il aura l’occasion de faire des adieux définitifs ailleurs qu’à Levante, où les Colchoneros disputeront leur dernier match de la saison, samedi. Il est possible d’imaginer qu’il n’y en aura pas.

Ce n’est évidemment pas le paradoxe d’un joueur qui a marqué le club, plus que tant d’autres, au point d’en devenir le cinquième meilleur buteur historique – devant Fernando Torres ou Diego Forlan – et d’en incarner le retour sur le devant de la scène européenne. A jamais, Griezmann restera comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire des Colchoneros et, surtout, comme l’archétype de tout ce qu’a réclamé le Cholo Diego Simeone pour ouvrir l’ère la plus glorieuse des Rojiblancos au XXIeme siècle.

Le Wanda n’a jamais pardonné Griezmann

Il n’est donc pas question de savoir s’il méritait mieux que quelques posts en ligne, puisque la réponse est évidente. Il s’agit, plutôt, de rendre compte du désastre qu’avait été « La Decision », programme télévisé produit par une société gérée par Gerard Piqué afin de dévoiler, la saison dernière, son choix de rester une saison de plus à l’Atlético alors qu’il était déjà convoité par le FC Barcelone. La Coupe du Monde, qui avait débuté deux jours plus tard pour les Bleus, avait vite fait oublier une méthode de communication jugée désastreuse à l’époque.

Antoine Griezmann quitte l’Atlético sans la gloire qu’il aurait mérité

Avant cela, il avait déjà été sifflé par les supporters madrilènes, qui n’avaient pas supporté les rumeurs, et fini en larmes. Son retour étoilé en Liga, après le Mondial, avait entretenu l’illusion d’une osmose retrouvée mais elle a été brisée par une partie des fans Rojiblanco qui ne lui ont plus rien laissé passer, pas même de jouer la montre en rompant une contre-attaque contre Valence, en février dernier. Ils n’avaient pas oublié. Un an plus tard, le voici dans la posture qu’aucun autre joueur de son envergure n’aurait cru connaître. Il quittera l’Atlético le 1er juillet prochain, après avoir réglé sa clause libératoire, pour rejoindre très probablement le FC Barcelone, dont on ne sait pas réellement s’il se serait décidé à verser les 120 millions d’euros sur son compte sans une humiliation historique subie à Anfield, en demi-finale retour de Ligue des Champions.

Griezmann est un paradoxe

Pire, la presse espagnole continue d’affirmer, comme elle le faisait au cœur du mois d’avril, que le vestiaire du club catalan serait encore divisé à son sujet. « La Decision » avait aussi dégoûté une partie de l’effectif blaugrana. Les supporters catalans, eux, lui avaient fait comprendre qu’ils ne voulaient pas de lui lors de sa venue au Camp Nou le 6 avril dernier, dans le cadre de la 31eme journée de Liga. Soit plusieurs semaines après que nos confrères de L’Equipe ont réaffirmé sa volonté d’y être transféré.

Antoine Griezmann et Diego Godin (Atlético Madrid)Panoramic

Antoine Griezmann et Diego Godin (Atlético Madrid)

Le tout laisse envisager des débuts complexes, tant sportivement que mentalement. Au fond, il a imagé le paradoxe qu’il incarne dans le football d’aujourd’hui : un joueur comme lui, figurant parmi les tout meilleurs joueurs du monde depuis trois ans – il était déjà le « meilleur des autres » au classement du Ballon d’Or 2016, derrière Cristiano Ronaldo et Lionel Messi – n’aurait jamais passé cinq saisons dans un club qui vit malgré lui à l’ombre de deux mastodontes, le Real Madrid et le FC Barcelone. Mais à l’époque où le football était un peu plus romantique – disons-le comme cela – jamais un joueur comme lui n’aurait mis en scène une « Decision » aussi importante.

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