Antero Henrique (PSG) était au niveau comme négociateur, pas comme dirigeant

Antero Henrique, ancien directeur sportuf du PSG
Antero Henrique laissera un souvenir amer de son passage à la tête de la direction sportive du PSG. S’il a fait honneur à sa réputation de fin négociateur, le Portugais a fracturé un club où il était loin de faire l’unanimité au-delà de ses proches.

Le PSG s’est finalement rendu à l’évidence, il fallait des changements d’envergure pour redonner du tonus au projet. Nasser Al-Khelaïfi, Antero Henrique, Thomas Tuchel : ce trio ne pouvait être reconduit en l’état au sortir de la saison la plus éprouvante sportivement et médiatiquement de l’ère QSI. C’est celui avec le moins de crédit des trois qui a logiquement sauté. Le président du club parisien depuis huit ans en est une figure indissociable désormais et l’entraîneur allemand, choix du clan de l’Emir du Qatar lui-même, réalisait des prouesses avec un effectif juste en quantité avant d’en éprouver les limites. C’est ainsi le départ d’Henrique que le PSG a officialisé ce vendredi. Avec le retour aux commandes de Leonardo, six ans après un exil qui a marqué un tournant négatif dans l’histoire récente du club parisien.

Henrique a convaincu Mbappé

Henrique devait participer à la réécrire. Fort ses succès avec le FC Porto, où il avait initié la politique de trading de joueurs dont se sont inspirés de nombreux clubs à travers l’Europe, comme Monaco, Lille ou Bordeaux en France, il était arrivé à l’été 2017 dans un contexte idéal. Le PSG sortait de la « remuntada » contre le FC Barcelone (6-1) et se devait de frapper fort, en y mettant des moyens colossaux. Le transfert de Neymar était quasiment bouclé quand il était arrivé, mais il a joué un rôle majeur pour convaincre Kylian Mbappé. Deux succès à 400 millions d’euros qui n’ont pas suffi à faire oublier ces échecs par la suite. Il a multiplié les mauvais choix de recrutement, déséquilibré l’effectif parisien en oubliant d’anticiper le départ à la retraite de Thiago Motta et fait capoter des affaires par son dilettantisme (Jérôme Boateng, Frenkie de Jong). Il faut toutefois mettre au crédit d’Henrique sa faculté à bien valoriser les joueurs du PSG et à les vendre au meilleur prix, comme il le faisait à Porto.

Henrique à l’origine des soucis d’effectif du PSG

Avec lui, le champion de France en titre a amassé près de 300 millions d’euros sur les ventes de joueurs dont aucun n’était un titulaire indiscutable. Essentiel pour répondre aux impératifs du fair-play financier, qui a aussi limité sa capacité d’action sur le marché des transferts. D’aucuns lui reprocheront d’avoir fait son beurre avec des éléments issus du centre de formation. Mais il n’avait pas forcément le choix s’il ne voulait pas affaiblir davantage un banc déjà pauvre. Un constat pour lequel Henrique porte néanmoins une responsabilité non négligeable. C’est lui qui est entré dans un conflit ouvert avec Adrien Rabiot jusqu’à l’écarter définitivement de l’équipe première, faute de parvenir à négocier avec lui une prolongation de contrat. C’est lui qui a entretenu des relations au mieux fraîches, au pire ombrageuses, avec Unai Emery et Tuchel, qui se sont succédé sur le banc du PSG. Impossible dans un contexte où chacun se tire dans les pattes de répondre à leurs désirs.

Henrique a divisé le PSG en deux camps

Henrique s’est surtout raté sur sa gestion humaine de son passage à Paris. Jamais il n’a imposé l’autorité qui manquait à la tête du club, toujours en quête de l’homme fort à même d’incarner un pouvoir indiscutable. Il s’est fait extrêmement discret dans les médias et n’est pas sorti de son silence dans les nombreuses zones de turbulences qu’a traversé le PSG depuis deux ans, en dehors de l’épisode Rabiot, contre qui il était en cabale. Une attitude qui a surexposé le staff et les joueurs, participant ainsi à fragiliser tout le monde. Il s’est aussi mis à dos des historiques du club, comme Luis Fernandez et Thiago Motta. A force de diviser, il fracturé le club en deux camps, entre ses hommes de confiance qu’il avait lui-même placés dans l’organigramme et ceux qui avaient fait le choix d’être dans l’opposition. Comme directeur sportif, Henrique avait pour mission de rassembler un PSG éparpillé par la traumatisante soirée du Camp Nou. Il le quitte en étant extrêmement isolé. C’est pourquoi il était le fusible le plus facile à faire sauter.

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À propos de l'auteur
Geoffrey Steines
Né un jour de France-Allemagne, j'ai tapé dans mon premier ballon à dix-huit mois et suis passé directement des tribunes du Parc des Princes au journalisme sportif. Formé à Media365, j'y suis revenu en 2015 après avoir bourlingué à l'étranger.