L1 – Monaco / Abdou Diallo : « On est tous passés à la trappe » [EXCLU365]

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S’il assure ne nourrir aucun regret sur son départ de Monaco, Abdou Diallo estime que les joueurs du centre de formation de l'ASM, pas seulement lui, ont été sacrifiés pour faire de la place aux recrues. L’ancien défenseur de la Principauté évoque aussi les différences culturelles entre l'Allemagne et la France à ce niveau. Entretien pour Foot365.

Abdou Diallo, quand avez-vous pris la décision de quitter Monaco pendant l’intersaison ?
Dans le foot, c’est spécial. Selon l’humeur et la situation à l’instant T, un joueur va se poser certaines questions. Comme en une semaine, deux semaines, un mois, tout peut changer, je n’étais pas figé sur mon état d’esprit. En fin de saison dernière, on termine champions, tout le monde est content. J’ai fait mon travail, je n’ai pas eu d’états d’âme, j’ai joué mon rôle de remplaçant à Monaco. J’ai pris ce que je devais prendre, c’est-à-dire le titre, et je me suis posé la question de savoir ce que je voulais personnellement et ce que je devais faire pour l’avoir. Forcément, je pensais à un départ. Mais entretemps, il y a eu une sélection en Espoirs où ça s’est très bien passé, avec le brassard de capitaine. Je me suis alors demandé : « est-ce que tu n’auras pas une carte à jouer à Monaco avec tous les départs ? »

Comment avez-vous abordé la pré-saison avec l’ASM ?
Je suis revenu à la prépa avec un état d’esprit positif, en me disant : « t’es encore là, tu ne sais pas pour combien de temps, peut-être que ce sera un an, une semaine ou un mois. Mais tant que t’es là, tu fais ton maximum et tu restes attentif. T’attends de voir, réfléchis bien. Sois posé et mature pour faire le bon choix. » Arrivé à la prépa à Monaco, je me suis rendu compte que ça risquait d’être une deuxième saison similaire. Alors, je me suis dit : « fais tes affaires et pars ».

Diallo : « On est tous passés à la trappe »

Quels éléments vous ont fait sentir que vous n’auriez pas davantage votre chance ?
J’ai toujours eu de bonnes relations. Si on demande à n’importe qui au club, il aura un avis positif sur moi, je n’ai jamais eu de problème avec qui que ce soit. Au niveau de l’effectif, il y a eu énormément de départs, mais pas à mon poste, avec même une arrivée (Terence Kongolo, depuis parti en prêt à Huddersfield). Il a un profil similaire : gaucher, même polyvalence, à peu près la même taille. Tu sens que l’étau se resserre et que tu risques d’être le dindon de la farce à la fin. J’ai préféré regarder la vérité en face et partir.

Avez-vous quitté Monaco sur un constat d’échec ?
Je n’ai pas de regrets, parce que j’ai tout fait pour. A aucun moment je me suis laissé aller parce que je ne jouais pas. Très honnêtement, je ne pense pas que c’était une question de niveau. En toute humilité, je pense réellement que j’avais une carte à jouer. Mais si tu vois que tout n’est pas réuni pour que tu te fasses ta place, ça devient compliqué. Tu n’y arrives jamais tout seul, t’as toujours besoin des autres. Si on veut te mettre en avant, c’est facile, et si on ne le veut pas, ça se complique pour toi.

Vous sous-entendez que les joueurs achetés par le club pour mieux être revendus étaient privilégiés à ceux formés au club…
Il y a beaucoup d’achats de jeunes joueurs, qui sont talentueux, il ne faut pas se mentir, mais les joueurs de l’académie le sont aussi. Quand on voit les résultats, il y a des Gambardella ces dernières années, des titres gagnés. Si on fait des comparaisons avec d’autres clubs français, on avait plus de talent que beaucoup. Je discute de ça avec des joueurs avec qui j’étais à l’académie. Quand on regarde, on est tous passés à la trappe. Pourtant, on a joué contre untel qui joue en L1, en Premier League ou en Bundesliga, mais pas nous. C’est triste, parce que beaucoup auraient pu prétendre à jouer au moins en L1.

Diallo : « Un joueur formé en France est-il attaché à son championnat et à son club ? »

Nous avons écrit récemment que la formation à la française était en danger. Quelles différences avez-vous pu observer avec l’Allemagne ?
Les joueurs allemands y restent, ils aiment leurs clubs et ne sont pas pressés de partir. C’est une différence. Un joueur formé en France, est-il autant attaché à son championnat et à son club ? Je ne suis pas sûr. C’est aussi une question de moyens. L’Allemagne est davantage prête à en mettre à disposition pour développer les jeunes et leur donner envie de rester. C’est un problème global, mais la fuite de talents est plus fréquente en France qu’Allemagne, même si on a plus de talents au départ. Ce n’est pas que de l’argent. Je ne suis pas parti de Monaco pour des raisons financières, loin de là. Il faut se sentir impliqué et important dans un projet. Un joueur qui se sent bien dans un endroit, ça m’étonnerait qu’il parte. Il y en aura, mais ce ne sera pas la majorité. S’ils partent, c’est qu’ils sentent que ça ne va pas le faire pour eux.

Votre petit frère, Ibrahima (19 ans), est encore à Monaco. Votre expérience peut-elle influer sur son parcours à Monaco ?
Ça peut le rassurer, dans le sens où ce n’est jamais fini. Même si tout ne passe pas comme prévu à un endroit, ça peut le faire ailleurs. Il a une carrière différente de la mienne, on est différents. J’y crois encore pour lui à Monaco, je lui dis tous les jours que les choses peuvent basculer en très peu de temps et de rester concentré. Tant qu’il sera sous contrat avec Monaco, il devra y donner le maximum. Si jamais ça ne passait pas, comme pour moi, il faudra faire un choix, mais en temps voulu. Il ne faut pas jeter l’éponge.

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À propos de l'auteur
Geoffrey Steines
Né un jour de France-Allemagne, j'ai tapé dans mon premier ballon à dix-huit mois et suis passé directement des tribunes du Parc des Princes au journalisme sportif. Formé à Media365, j'y suis revenu en 2015 après avoir bourlingué à l'étranger.