L1 – Dijon / Sébastien Larcier : « Un attaquant de l’Est à deux millions, ce n’est pas pour nous...

LARCIER DIJON
Responsable du recrutement à Dijon, Sébastien Larcier s’est longuement exprimé pour Foot365 sur la stratégie adoptée par le DFCO cet été et sur sa façon de travailler au quotidien. Aux antipodes des mastodontes de la L1.

Sébastien Larcier, en quoi avez-vous profité de la validation précoce de la montée en L1 pour préparer la saison à venir ?
Ça nous a permis d’être efficaces sur les prolongations de contrat dans notre propre effectif ou sur les joueurs avec lesquels nous ne voulions pas poursuivre. C’est le premier travail, savoir avec qui on a envie de repartir et trouver des portes de sortie pour ceux avec qui on a fait un super bout de chemin sans donner suite. Il faut leur trouver des clubs de secours, des solutions pour se retourner. C’était un réel avantage. On a effectivement pu prendre des contacts très tôt avec certains joueurs. Mais quand on veut faire venir un Florent Balmont, entre les premiers contacts et la finalité, il y a plus de deux mois. C’est hyper long, il faut que tout le monde soit patient. C’est ça le plus dur dans un club, faire comprendre que le processus prend son temps. Selon moi, c’est la grosse difficulté pour nous.

Comment avez-vous réussi à convaincre un joueur comme Florent Balmont de vous rejoindre ?
On avait déjà identifié le profil, on cherchait de l’expérience, un joueur avec une maturité tactique au milieu de terrain. Il fallait aussi que ce soit un référent dans le vestiaire, pas forcément par les paroles, mais rien que par sa carrière et son charisme. Quand on en discutait avec les différents intervenants du football, joueurs, agents ou dirigeants, on s’est rendu compte qu’il ne lui restait qu’un an de contrat à Lille et qu’il y avait peut-être une opportunité. Par rapport au profil recherché, ça fait bingo tout de suite pour nous. Dès qu’on sent qu’il y a une faille, on joue notre chance à fond.

Hormis Vincent Rufli, vous n’avez recruté qu’en France cet été. Était-ce une volonté de votre part de ne pas multiplier les paris venus de l’étranger ?
On part du principe que sur une première année, il faut limiter ce type de paris. Des bons joueurs, on en voit partout, dans les pays de l’Est, en Amérique du Sud ou en Afrique. Il y a des championnats où ce n’est pas accessible, comme l’Angleterre ou l’Allemagne, parce que les salaires sont élevés. Faire venir des joueurs de là-bas, c’est plus compliqué. Mais il y a des bons joueurs partout. Entre la barrière de la langue et l’acclimatation au football pour les non-Européens, ça peut demander du temps. Nous, on ne l’a pas sur une première saison où on doit jouer notre maintien.

Larcier : « Les gens s’aperçoivent de la crédibilité du projet »

Mais vous ne recrutez pas seulement des valeurs sûres pour autant…
Les paris, on les fait sur d’autres profils, des jeunes qui viennent de CFA par exemple. On connait le processus. Il y avait un an d’adaptation pour les amener au niveau L2, ce sera certainement plus long sur la L1. On n’est pas encore suffisamment armés, on n’a pas assez de perspectives pour se dire qu’un joueur sud-américain arrivera à s’imposer tout de suite à Dijon. Les grands clubs peuvent le faire, parce qu’ils ont pour la plupart des joueurs sud-américains dans l’effectif, c’est plus facile pour l’acclimatation. Ils peuvent mettre aussi des gens pour les accompagner, aller faire les courses, prendre des cours, cuisiner local. On n’est pas encore dans cette catégorie de clubs, c’est clair.

Comment se déroule le processus pour aller chercher un joueur chez les amateurs ?
C’est le travail qu’on a mis en place depuis 2008-09, où on a commencé à miser sur ce type de joueurs. On tourne sur les championnats et les gens s’aperçoivent de la crédibilité du projet. On a amené beaucoup de joueurs de CFA au niveau L2, ça nous a donné de la crédibilité, ce qui fait qu’on est sollicités maintenant. Avant, on roulait beaucoup pour avoir l’info. Maintenant, l’info nous arrive et on roule pour la valider. Ça nous fait gagner du temps. Avec Olivier Dall’Oglio, les gens savent que ce n’est pas parce que tu viens du CFA que tu ne joueras jamais, bien au contraire. Si t’es bon, tu peux vite jouer. C’est un réel point fort pour le recrutement.

Comment finalisez-vous ces dossiers forcément risqués ?
On fait venir le joueur à l’essai. On va le voir plusieurs fois, et quand on pense qu’il a le niveau pour intégrer le groupe, on le fait venir quelques jours à Dijon. Pas forcément pour passer un essai sportif, mais pour échanger avec l’homme et pour partager le projet. Il nous a plu, mais on lui demande si l’ambiance du club lui plait. Il doit se sentir bien chez nous. Ça nous permet de connaitre l’homme plutôt que le footballeur de l’avoir trois-quatre jours avec nous. Le coach peut prendre le temps de discuter avec lui, le staff de manière générale, les kinés le rencontrent aussi. On échange tous après, pour savoir comment on a perçu la personne et c’est à ce moment-là qu’on décide de valider ou non.

Larcier : « Trouver de nouvelles opportunités si on veut rester compétitifs »

Avec 25 millions de budget, le DFCO dispose de l’un des plus petits de L1. Quelles sont les conséquences pour vous au quotidien ?
La première, c’est qu’on est peu présents à l’étranger pour l’instant. Scouter à l’étranger, ça coûte de l’argent. Il faut mettre en place des gens de confiance, ça ne se fait pas gratuitement, il n’y a rien de gratuit de toute façon. Et puis, on ne peut pas s’aventurer sur le marché des transferts actuellement. Je prends un exemple : si on cherche un attaquant qui met entre dix et quinze buts sur trois saisons de suite dans des pays de l’Est qui offrent encore des prix raisonnables, ça va être deux millions d’euros. Ce n’est pas pour nous.

Comme le club dans son ensemble, la cellule de recrutement joue-t-elle gros sur cette saison de L1 ?
Pour un club comme le nôtre, en termes de développement de club et des infrastructures, une saison de L1, c’est cinq ou six en L2, voire plus, ça pourrait être dix. Ça met un coup de boost. A chaque passage en L1, nous avons d’autant plus d’armes qui nous permettent, même en cas d’accident et de redescente, de revenir encore plus vite. Ça permet aussi d’être légitime pour dire au président que ce qu’on fait en France, c’est bien, mais le marché est de plus en plus compétitif et il va nous falloir d’autres ressources pour trouver des joueurs. Ce sera certainement à l’étranger, sur des marchés où la concurrence est moindre. Il va falloir trouver de nouvelles opportunités si on veut rester compétitifs.

Comment votre travail évoluera-t-il dans les prochains mois ?
La L1 va nous permettre d’augmenter le budget de la cellule de recrutement, de prendre des gens à l’étranger et de voyager pour confirmer des dossiers. Parce que l’info, on l’a, elle vient. Mais on est un nombre réduit, on n’est que deux à aller voir des matchs. Ce n’est pas possible de superviser les championnats français, vu qu’on commence en CFA2, même parfois sur les U19, et d’être présents en même temps en Argentine, en Norvège, en Finlande, en Bulgarie et au Portugal, sans oublier les tournois à l’étranger. Les budgets de L1 vont nous permettre de nous structurer de meilleure manière.

Crédit photo : Vincent POYER – DFCO

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À propos de l'auteur
Geoffrey Steines
Né un jour de France-Allemagne, j'ai tapé dans mon premier ballon à dix-huit mois et suis passé directement des tribunes du Parc des Princes au journalisme sportif. Formé à Media365, j'y suis revenu en 2015 après avoir bourlingué à l'étranger.