Bordeaux : Avec Paulo Sousa, le plus court est souvent le mieux

Paulo Sousa
Alors qu’il est la priorité des Girondins de Bordeaux pour succéder au duo Ricardo – Eric Bedouet, Paulo Sousa est un entraîneur enthousiaste et enthousiasmant… sur de courtes durées.

Pour un coach, l’important est de vivre avec son époque. Ou celle d’après : le mieux est toujours d’avoir un temps d’avance. Mais le football est si complexe que les frontières temporelles sont fines. Paulo Sousa, lui, est passé par tous les états, et c’est bien la raison pour laquelle il faudra prendre, avec lui plus qu’avec les autres, le temps -justement- de la réflexion et du recul, au moment de savoir s’il est ou non l’entraîneur idéal pour les Girondins de Bordeaux.

Paulo Sousa, la formation portugaise à la mode

Au départ, l’ancien milieu de terrain de la Juventus est ce que beaucoup d’entraîneurs portugais de sa génération sont aussi : son approche est inspirée des modèles universitaires, popularisés par José Mourinho, préconisant d’adapter la totalité des exercices d’entraînement à l’idée de jeu. Sousa a reçu une formation qui a fait ses preuves, par l’ex Special One évidemment, mais aussi par Leonardo Jardim, Vitor Pereira, Marco Silva, Paulo Fonseca ou encore André Villas-Boas. Si le premier a précipité ses échecs en s’enfermant dans une idéologie unique, tous les autres ont tenté ou appris à s’adapter, en fonction des joueurs et des moyens mis à leur disposition.

Parti de très bas pour ne jamais tomber de haut

C’est sur cet aspect que Paulo Sousa a bâti ses premiers succès de coach. Après deux saisons et demi d’échec en Angleterre – QPR, Swansea puis Leicester -, où la patience a plus de limites qu’ailleurs, le technicien de 48 ans a remis sa carrière à l’échelon européen le plus bas pour mieux grimper. En Hongrie, il a remporté deux Supercoupes et une Coupe de la Ligue avec Videoton en deux ans. Au Maccabi Tel Aviv, il a réussi le doublé Coupe – championnat en une saison. Il s’est aussi offert le titre en Suisse, avec Bâle, l’année suivante, tout en sortant des poules en Ligue des Champions. « Je n’ai aucun problème à aller dans des ligues moins réputées, disait-il lors d’un entretien accordé au Guardian, en 2014. Pour un entraîneur, il est important d’avoir du succès partout parce que cela valide ses méthodes et son approche. Les victoires créent une atmosphère positive ».

A la Fiorentina : la haine, l’amour et un goût doux-amer

Ce climat l’a emmené, en 2015, à la Fiorentina, premier et dernier club des quatre grands championnats à lui avoir fait confiance, et où il a bâti la fragile réputation qui lui colle encore à la peau aujourd’hui. Arrivé à Florence dans un climat très hostile et « d’enfer », comme avaient promis les supporters de la Fio qui n’avaient pas oublié son passé de joueur de la Juve, de l’Inter et de Parme, le Portugais y a laissé, entre 2015 et 2017, un souvenir particulier. Celui d’une Viola qui a occupé la tête de Serie A au soir de la 11eme journée, après avoir notamment éparpillé l’Inter à Giuseppe Meazza (1-4), et grâce à un jeu enthousiasmant comme jamais depuis la fin de l’ère Batistuta – Rui Costa, à la fin du 20eme siècle. Pour un résultat presque banal : une place de cinquième de Serie A la première saison, puis de huitième la suivante.

Sa réputation ? Elle repose sur un enthousiasme qui a duré six mois

Avec la Viola, Sousa a surtout aidé à populariser le schéma à trois défenseurs, devenu une norme en Italie et en pleine expansion aux quatre coins de l’Europe. Basée sur une paire de joueurs de couloir très complets (Marcos Alonso, aujourd’hui à Chelsea, et Federico Bernardeschi, désormais à la Juventus), il avait développé ses systèmes défensifs autour de triangles ou de losanges destinés à faire disparaître les possibilités de passes pour l’adversaire. Ses phases offensives étaient construites sur des diagonales, un joueur devant systématiquement avoir, sur sa gauche ou sur sa droite et à distance moyenne, une possibilité de passe. La méthode a été fructueuse jusqu’à la 18eme journée, où la Viola disposait de la meilleure attaque du championnat (36 buts inscrits, soit 2 par match). Elle a atteint son plafond de verre en deuxième partie de saison, où le club n’a décroché que 12 points… lors des 12 dernières journées.

Et si Paulo Sousa était le bon compromis pour Bordeaux ?

La dernière expérience de Paulo Sousa, au Tianjin Quanjian, a été un échec mais elle n’en a dit ni plus ni moins sur ses capacités à se renouveler et à obtenir des résultats durables. Est-ce une bonne nouvelle pour Bordeaux, l’un des clubs les plus instables de l’Hexagone ? Afin de définitivement lancer le projet de GACP et poser des bases solides avant d’entamer une politique de valorisation de jeunes joueurs, une idylle de courte durée ressemblerait au bon compromis. Pour le coach portugais, en revanche, il s’agirait certainement d’un échec de plus.

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